Skip to main content

Le paysage comme source d’inspiration

    L’Ooidonk Art Festival (Ooidonk, BE) s’est ouvert et accueillera les visiteurs jusqu’au 31 août.

    La quatrième édition de l'Ooidonk Art Festival s'ouvre aujourd'hui au cœur de la région de la Lys (BE). Jusqu'au 31 août 2025, le domaine historique de Goed Te Réables sera à nouveau le théâtre d'une exposition en plein air captivante, où l'art contemporain et la nature interagissent en permanence.

    Placé cette année sous le thème de la Nature en mouvement, le festival invite les visiteurs à ralentir leur regard, à se perdre dans la verdure et à s'arrêter devant des œuvres d'art influencées par les saisons. L'exposition est en constante évolution, à l’image du paysage lui-même. Cette année, le festival accueille plus de quarante artistes. Bon nombre d'entre eux ont créé spécialement pour cet endroit de nouvelles œuvres qui interviennent subtilement dans le paysage.

    L’art en mouvement tout au long de l’été

    Cet été, de nombreuses installations impressionnantes sont à l'honneur. Lieven Lefere présente une installation décorative magico-réaliste qui explore la frontière entre réalité et illusion. Ce qui semble être un espace tangible s'avère être une mise en scène photographique soigneusement construite où la lumière est le personnage principal. Au fil de la journée, l'expérience change. L'œuvre s'ancre dans le paysage, mais échappe en même temps au temps.

    Une autre œuvre puissante est celle de Stanislas Lahaut. Sa sculpture And Still We'd Stare Out To Sea transforme un rêve d'enfance, un puzzle représentant un voilier, en un objet monumental qui incarne à la fois la liberté et la menace. Dans un monde où le niveau des mers monte, naviguer à travers les prairies n'est plus absurde, mais visionnaire. L'œuvre ne se contente pas de regarder vers le passé, elle projette un avenir possible.

    Isidoor Goddeeris réalise une sculpture vivante avec sa Bijen-kathedraal (Cathédrale des abeilles). L'œuvre est un hommage sculptural à l'abeille en tant que source de vie naturelle. Cette installation architecturale abrite une véritable colonie d'abeilles qui, au cours de l'été, participe elle-même à la construction de l'œuvre. Grâce à une installation vidéo qui montre l'intérieur de la sculpture, les visiteurs sont témoins d'une collaboration rare et intime entre l'art et la nature, qui a besoin d'équilibre.

    Ce thème de l'équilibre prend également forme littéralement dans l'œuvre monumentale Balance de Joachim Louis. À partir d'un tronc d'arbre vieux de 195 ans, il a créé une tour de six mètres de haut composée de formes empilées, inspirée des randonneurs qui laissent des pierres le long des sentiers. L'œuvre respire la tranquillité, la connexion et invite à réfléchir à l'équilibre naturel que nous, êtres humains, menaçons de perturber.

    Johan De Wit présente son installation la plus ambitieuse à ce jour : un labyrinthe de souvenirs sculpturaux, composé de centaines d'éléments en papier, résine et poudre de marbre. Chaque objet porte les traces du temps, du geste, du passé. De Wit s'inspire de la simplicité tranquille des Primitifs flamands et des maîtres hollandais du Siècle d'or, mais aussi de l'atmosphère sobre et contemplative qui se dégage des œuvres de Giorgio Morandi. Ses objets, souvent issus de la vie quotidienne, semblent familiers à première vue, mais perdent leur fonctionnalité lorsqu'on les observe de plus près. Ce sont des souvenirs sculpturaux : des témoins silencieux d'un monde entre rêve et réalité, entre éphémère et immobilité.

    À l'intérieur du site historique Goed Te Réables, Sofie Muller transforme une pièce en une installation silencieuse et oppressante. Ses cabinets de curiosités, avec leurs champignons sculpturaux et leurs reliques fragiles, invitent le visiteur à l'introspection. L'œuvre de Muller tourne autour de la vulnérabilité humaine et des traces de traumatismes psychologiques et physiques. Elle travaille avec des matériaux qui portent eux-mêmes des cicatrices : l'albâtre avec ses veines translucides, les traces de fumée sur le papier, et parfois même du sang ou de la résine. L'installation oscille entre beauté et aliénation, entre souvenir et traumatisme, entre homme et nature.

    Ruth Devriendt laisse ses sculptures envahir par la végétation et exposées aux éléments, ce qui les transforme au fil du festival. Anthony Duffeleer nous confronte à un lit de fleurs artificielles, ironiquement intitulé LIARS, qui pose des questions sur l'artificialité et l'authenticité. Luc De Man joue quant à lui avec la réflexion et l'horizon : son œuvre se fond presque invisiblement dans l'environnement et invite à la contemplation. Toon Boeckmans crée un espace sensoriel autour d'un grand disque bleu, dans lequel le temps et l'espace semblent se dissoudre.

    Outre l'exposition, l'Ooidonk Art Festival propose à nouveau cet été un programme riche en rencontres et en expériences. Les visiteurs pourront profiter d'un bar et d'un restaurant éphémères, tenus par Garçon Catering, qui servira des plats de saison dans un cadre d'exception. Des nocturnes, des visites guidées et des performances complètent le programme, tandis qu'une exposition parallèle présentant les œuvres des mêmes artistes dans un contexte plus classique se tient à la Francis Maere Fine Arts Gallery à Gand. L'Ooidonk Art Festival se déroule jusqu'au 31 août 2025.

    — 20 Maggio 2025 —