Faire le vide
Perchée au sommet du promontoire rocheux d’une île, l’œuvre d’art public ‘Faire le vide’ se détache dans l’immensité du paysage du Parc régional du Poisson Blanc, situé dans la municipalité de Notre-Dame-du-Laus (Québec).
L’œuvre prend la forme d’un cube de bois — un extérieur épuré, presque monolithique, dissimulant un univers intérieur sculpté, tout en courbes et en textures. Lauréate d’un concours de design, elle a été conçue par l’équipe formée de l’artiste et architecte Luca Fortin et de l’atelier mock/up.
Conçue avec soin pour s’harmoniser délicatement avec l’environnement insulaire, cette installation n’est accessible que par l’eau. Elle se révèle comme un mystère caché au cœur du parc, visible seulement depuis la surface de l’eau. Sa forme et sa matérialité servent de repère discret dans le paysage, invitant les aventuriers à explorer les sentiers de l’île.
Les contraintes du site sont devenues des moteurs d’innovation. Dès les premières esquisses, l’œuvre a été conçue pour être entièrement préfabriquée en atelier. Déployée sans machinerie lourde, chaque dalle de bois a été transportée par bateau, puis acheminée et assemblée à la main, sur place. Faire le vide se pose avec une empreinte minimale sur le cap rocheux, sans altérer le cadre naturel environnant.
Le cèdre, d’abord dégauchi, raboté et laminé, a ensuite été usiné par fraisage CNC. Sur le site, chaque pièce a été posée une à une, composant un assemblage révélant deux géométries distinctes : un volume orthogonal à l’extérieur et une chambre intérieure d’une expressivité organique.
Les parois extérieures se parent d’un lambris vertical qui entre en résonance avec la verticalité des arbres des alentours, tandis que les parois intérieures conservent l’empreinte du passage de l’outil — une texture évoquant les ondulations du vent sur l’eau. Fruit d’une expérimentation poussée, ces cannelures révèlent comment l’outil industriel peut être détourné de sa fonction première pour produire une expérience sensorielle.
Faire le vide est une rencontre entre lieu et savoir-faire, où l’art et la fabrication s’entrelacent. L’œuvre tisse un dialogue entre le geste, la matière et le rythme du paysage. Elle marque un seuil entre le visible et l’invisible, qui célèbre la poésie du lieu et la poésie du temps.
Elle rappelle que l’art peut surgir là où on ne l’attend pas : au détour d’un sentier, sur une île isolée, entre deux souffles. Dans la simplicité de l’instant présent, elle révèle sa capacité à transformer notre regard sur le monde.